La menace d'une marée noire est réelle sur les côtes françaises. Qu'en est-il pour la Bretagne et de la situation actuelle ? Nous allons tenter de répondre à vos questions grâce à des recherches et des informations que nous avons étudiées de près et surtout à notre expertise en météorologie.
Grande America: le naufrage d'un navire avec des matières dangereuses
Ce jeudi matin, nous apprenons qu'une pollution aux hydrocarbures de dix kilomètres de long sur un kilomètre de large a été observée hier après-midi a proximité de la zone du Grande America. Le bateau italien est parti de Hambourg et il devait rejoindre Casablanca. Le 10 mars dernier, un violent incendie se déclenche sur le bateau au sud de la mer d'Iroise. Les autorités françaises très réactives ont déployé de gros moyens sur place pour lutter contre les flammes avec l'intervention de frégates spécialisées, de remorqueurs ou encore d'un navire spécialisé dans le bâtiment de soutien. Malgré les moyens déployés, le navire de 213 mètres de long, de 32 mètres de large et de 28 000 tonnes va sombrer dans le golfe de Gascogne à 15h26 le 12 mars, selon les observations de la Marine Nationale. L'équipage composé de 26 personnels et un passager a été récupéré sain et sauf par un navire britannique dérouté pour l'occasion. Celui-ci a accosté dans le port de Brest. Une fois le naufrage constaté, l'inquiétude concerne le navire et les conteneurs a bord. En effet, le Grande America est un porte-conteneur qui au moment du naufrage transportait sur lui plus de 2000 véhicules, 365 conteneurs de marchandises en tout type dont 45 considérés comme matières dangereuses et surtout plus de 2 200 tonnes de fioul lourd. Le fioul lourd est très polluant, il est issu des coupes lourdes de la distillation du pétrole brut. Il est traditionnellement utilisé par les navires qui ont de gros moteurs Diesel.
La crainte d'un désastre écologique
Le navire a sombré a plus de 4600 mètres de fond dans les mers profondes de l'Atlantique. Il y a trois types de pollution à craindre à la suite de cette accident:
- la pollution sur le bord de mer: la patrouille maritime a effectué un vol et a donc constaté une pollution à la surface de la mer. Cette pollution devrait se disperser en direction du littoral en fonction des paramètres \"vent\" et \"houle\". Il faut craindre pour la biodiversité qui peuple les plages de la côte atlantique. En effet, cette nappe va se propager sur le littoral durablement selon les autorités à partir de \"dimanche ou lundi\". Les conditions météo particulièrement défavorables et souvent identiques entre ce jeudi et lundi prochain permettent de dresser une cartographie assez précise des zones qui seraient impactées par cette pollution littorale. Les zones les plus exposées seraient situées entre la Vendée, les côtes charentaises, la Gironde et probablement le nord des Landes. Les vents de nord-ouest se maintiennent jusqu'à samedi puis reviennent pour dimanche avec des ondes de houle très durablement orientées au nord-ouest. La Bretagne devrait donc être à l'écart du plus gros de la pollution même si le risque n'est pas totalement écarté.
- la pollution en mer: les nappes d'hydrocarbures qui s'échappent des soutes du navires devraient se vider en fonction de la brèche. La taille de la brèche n'est pas connue pour le moment d'après les derniers rapports de la Marine Nationale. En effet, selon le ministre de l'écologie François de Rugy, \"les opérations de dépollution en mer\" s'annoncent \"délicates\" en raison de la météo. Et ce paramètre est important puisque la dépollution en mer est sans doute la priorité. La pollution continue de se déverser et ce sont les poissons et tous les écosystèmes locaux qui sont impactés. La chaîne alimentaire à l'échelle locale fait également craindre un désastre écologique à l'échelle de la zone polluée.
- la pollution des fonds marins: outre les pollutions liées aux hydrocarbures, il existe aussi la pollution aux plastiques et là encore des risques majeurs pour les espèces locales. Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association Robin des Bois estime sur France Info que \"s'il y a des conteneurs transportant 40 mètres cubes de polystyrène chacun et que ces derniers s'ouvrent et libèrent des plaques de polystyrène, cela fait des centaines de milliers de déchets ingérables par les poissons, tortues, les oiseaux\".
N'oublions qu'en plus des conditions météorologiques défavorables jusqu'à lundi, les coefficients de marée seront élevés la semaine prochaine. Ce qui va multiplier les courants et les mouvements de la mer. Si la côte bretonne n'est pour le moment pas dans la ligne de mire d'une éventuelle marée noire, ses écosystèmes marins y seront forcément impactés...