Il y a vingt ans jour pour jour, les tempêtes du siècle surprenaient la France. Lothar puis Martin ont également pu permettre à la météo en France d'entrer dans une nouvelle ère.
Un contexte particulier
Nous fêtons l'avant-dernier Noël du XXe siècle et l'actualité est rythmée par les festivités de la fin de l'année partout en France. La météo de cette fin d'année en Bretagne est particulièrement agitée. Ce mois de décembre est marqué par un flux d'ouest particulièrement prononcé à tel point que l'Erika sombra dans le Golfe de Gascogne durant ce même mois de décembre 1999, ce qui augurait une fin de siècle particulière. Pour les fêtes de Noël, les balades au bord de mer pour compenser un bon festin sont rares. En effet, le 24 décembre à Lorient on enregistre déjà 137 km/h, ce qui est l'une des rafales les plus violentes jamais mesurée par la station morbihannaise. Le courant d'altitude jet (carburant important des dépressions tempétueuses qui circule entre l'Amérique et l'Europe) dont on ignorait à l'époque l'importance dans la dynamique des tempêtes souffle à des vitesses inhabituelles. Pour des tempêtes classiques, il souffle généralement entre 250 et 300 km/h. Lors d'un radiosondage, les ingénieurs prévisionnistes de Météo-France mesure une vitesse de 529 km/h à 8130 mètres au-dessus de Brest, le 25 décembre 1999. Une donnée record qui sera, à tord, considérée comme erronée.
Tempête Lothar: la Bretagne s'en souvient !
Dans la nuit du 25 au 26 décembre 1999, une masse nuageuse s'approche de la région lentement. Il est difficile de distinguer le centre dépressionnaire. Pourtant, le gradient de pression chute à Ouessant et les premières rafales relevées en seconde partie de nuit sont sérieuses sur la pointe du Finistère. On relève 184 km/h à Ouessant, 173 km/h à Saint-Brieuc et 158 km/h à Pleyber-Christ. La tempête circule sur la Bretagne entre 2h et 5h du matin. On estime qu'elle a traversé notre région à une vitesse de 100 km/h. Les rafales mesurées sont exceptionnelles dans les terres. On dépasse systématiquement les 100 km/h. Le Finistère, les Côtes-d'Armor et l'Ille-et-Vilaine sont particulièrement frappés par la première tempête. Les dégâts sont très importants. Des forêts bretonnes sont à terre, de nombreuses exploitations agricoles sont ravagées, des toitures sont également touchées et enfin le réseau électrique est particulièrement impacté par les vents violents. La ville de Rennes est un temps dépourvu de courant électrique. A l'échelle régionale, le bilan humain est d'une quinzaine de victimes.
Tempête Martin: la côte ligérienne frémit
Au petit matin du 26 décembre, c'est la désolation. Pourtant, une seconde dépression approche de la Bretagne. Venant de l'Ouest, cette dépression va frapper la France à une centaine de kilomètres plus au sud de la Bretagne mais avec une intensité comparable à celle de la première tempête. En revanche, les rafales exercées par la seconde tempête qui sera prénommée Martin sont moins violentes sur la région. La Loire-Atlantique est très impactée puisque son domaine forestier est en partie détruit par cette tempête. Le réseau électrique est fortement perturbé également et des submersions côtières sont observées et dans les estuaires l'eau s'accumule. Les fortes pluies observées en décembre 1999 engendre une crue notable de la Vilaine. La ville de Redon se retrouve inondée sous plusieurs dizaines centimètres d'eau.
Une évolution majeure des moyens de prévisions
Cette catastrophe naturelle et météorologique a poussé les ingénieurs de Météo-France a évoluer dans leur manière de prévenir les populations. Auparavant un bulletin d'alarme était diffusé aux préfectures et à la sécurité civile, ce qui permettait aux pouvoirs publiques de prendre des décisions adéquates en cas de phénomène météorologique notable. Sauf que ce 26 décembre, lendemain de noël, les fonctionnaires d'Etat étaient à l'image de la population : en vacances. Les messages d'alerte diffusés tardivement n'ont pas été réceptionnés. Météo-France a donc créé en octobre 2001, la carte de vigilance. Cette carte départementale permet à la population d'être directement avertie d'un phénomène météorologique impactant son territoire. En plus de méthodes adaptées et destinées à la population, Météo-France s'est également muni d'outils de prévisions beaucoup plus performants. Selon un rapport de 2019, les prévisionnistes de Météo-France estiment que si Lothar et Martin se produisaient cette année, ils seraient anticipés 36 heures à l'avance.