C'est un phénomène sournois, vicieux et dangereux : les pluies verglaçantes.
Des températures positives en altitude
L'arrivée d'un front chaud se remarque surtout par l'arrivée d'une masse d'air doux en altitude mais parfois dans les basses couches, le redoux ne s'effectue pas et les températures restent négatives. Lorsque un flocon traverse cette couche d'air doux en altitude, il fond pour retrouver un état liquide. Lorsque cette goutte d'eau tombe sur des sols gelés, elle gèle instantanément. On appelle ce phénomène la surfusion. La surfusion, c'est lorsqu'un liquide reste à une température inférieure à sa température de congélation ou de solidification. Cet état est particulièrement instable et le moindre choc ou changement de pression engendre un passage à l'état solide instantané. C'est ce que l'on appelle le verglas lorsque la goutte de pluie rencontre un sol gelé.
Un impact sur les réseaux de circulation
Les pluies verglaçantes se produisent régulièrement au Canada en saison hivernale. En France, on observe des séquences temporaires lors des transitions de masses d'air. Le verglas peut poser de gros problèmes sur les réseaux routiers en rendant les conditions de circulation quasi-impraticables. Il faut savoir que le sel est un remède efficace contre le verglas. Il permet d'empêcher l'eau de se transformer en glace jusqu'à -7°C. Le salage permet d'avoir une efficacité sur le verglas à partir de 20 minutes. On remarque cependant lors de l'épisode de février 2021 qu'au delà d'une certaine épaisseur de verglas, le sel n'est plus efficace.
11-12 février 2021, une référence en Bretagne
Les pluies verglaçantes débutent même sporadiquement dans le Lorientais en début d’après-midi. Après une averse de neige, la neige se transforme en pluie sur le Finistère-nord puis les Côtes-d’Armor et le Morbihan. Il s’agit de petites bruines verglaçantes faibles mais qui glacent instantanément au sol. Au cours de son déplacement vers l’est, l’évènement prend une proportion exceptionnelle. Malgré la faiblesse des précipitations et la courte durée de l’épisode, le verglas se généralise. Les conditions de circulation se dégradent d’abord dans le Trégor pour l’heure du couvre-feu (18h). Une heure après, les difficultés se concentrent plutôt vers le Goëlo. C’est à partir de 20 heures et malgré les conditions de circulation faiblement denses à cause des restrictions sanitaires que la situation devient totalement inédites. L’ensemble du réseau routier des Côtes-d’Armor est touché. Une grande partie des routes morbihannaises sont également impraticables. Le réseau routier de l’intérieur du Finistère se trouve également fortement tendu. Le phénomène d’ampleur exceptionnel conduit les autorités à lancer des messages aux habitants pour les dissuader de prendre la route. La couche de verglas atteint parfois près d’un centimètre au sol. Dans l’histoire, il faut remonter à février 1987 pour trouver la trace d’un tel épisode de pluies verglaçantes. Les quelques témoignages de l’époque concernaient surtout le Pays de Lorient. Les pavés de la ville avaient provoqué des chutes et des hôpitaux s’étaient retrouvés encombrés d’habitants qui avaient glissé sur ces pavés.
Pour l’épisode de février 2021, ce sont les saleuses qui se sont retrouvées bloquées dans le fossés. Au lever du jour, les images sont parfois insolites. Certains font du patinage artistique dans la rue de leur lotissement, d’autres prennent en photo la végétation prise au piège par la glace.