La tempête Aurore, première nommée de la saison hivernale 2021-2022 laisse son empreinte sur au crépuscule d'un été qui s'éternisait jusqu'alors.

Trois tornades au passage d'un violent front froid

Après les deux coups de vent du début de mois d'octobre, la première vraie tempête de la saison a impacté la Bretagne dès mercredi en fin d'après-midi. Deux salves venteuses étaient au programme. La première salve pour la fin de l'après-midi et le début de soirée s'accompagnait d'un front froid particulièrement actif. Les pluies orageuses impactaient le Léon avec des inondations à Landerneau (29) lorsque l'Elorn est sortie de son lit. Ce même front froid a fortement impacté le sud de la Bretagne et en particulier les Cornouailles. L'air chaud encore présent dans les basses couches a favorisé la formation de phénomènes tourbillonnaires. On recence au moins trois cas sur cette zone. Le premier à 17h20 a impacté la commune de Plozévet (29) puis un second dix minutes plus tard à Riec-sur-Bélon (29). Enfin à 17h45, c'est la commune de Kernascléden (56) qui connaissait le même sort. Les dégâts très localisés et uniquement matériels font penser au passage d'une tornade car ils s'étendent sur une zone étroite et la configuration météo avec notamment l'air très doux dans les basses couches, était favorable à la formation de ces phénomènes.

Comment se forme les tornades et pourquoi sont-elles plus destructrices que la tempête elle-même ?

Le front froid orageux est composé de nuages élevés appelés cumulonimbus. Ils culminent à plus de 10 000 mètres d'altitude. Dans la configuration du jour, de l'air très doux se maintenait dans les basses couches de l'atmosphère à l'arrivée du front froid. L'air froid a glissé progressivement de l'atmosphère vers le sol. L'air chaud plus léger remonte vers le nuage. Il rencontre des cisaillements, c'est-à-dire des vents de vitesses et de directions différentes dans le nuage. Le phénomène tourbillonnaire se forment à la base du cumulonimbus. Dans le cas où le tourbillon n'atteint pas le sol on parle d'un tuba. S'il atteint le sol, il s'agit d'une tornade ( et non mini-tornades qui est un mot qui est employé à tord et qui ne représente rien). La tornade est classée en fonction de ses dégâts sur l'échelle de Fujita entre EF0 et EF5. En Bretagne, il existe une dizaine de tornade EF0 ou EF1 relevés chaque année mais certaines passent au-travers des mesures car elles peuvent concerner des zones inhabitées et ne faire que des dégâts superficiels.

Les vents tourbillonnaires font plus de dégâts que la tempête elle-même car ils impactent un couloir et localement les impacts sont notables. La tempête apporte des vents constants réguliers dans une même direction, ce qui limite l'impact de son passage. La tornade est brève et la rotation engendre un buisson de débris à l'origine de dégâts beaucoup plus importants.

Au passage de ce front froid, on note de violentes rafales dans les Côtes-d'Armor avec 118 km/h à Rostrenen et 119 km/h à Saint-Brieuc. Pour la préfecture costarmoricaine, il s'agit de la plus forte rafale depuis les tempêtes Lothar et Martin en 1999.

153 km/h à Saint-Malo 

La tempête Aurore reste la plus marquante de cette année 2021. On mesure des vitesses de vent inférieures à Alex en octobre 2020 mais l'évènement est plus généralisé en raison de la seconde salve venteuse qui a concerné toute la région en cours de nuit. On mesure des vitesses de vent impressionnantes localement. C'est à Saint-Malo que le vent a soufflé le plus fort en Bretagne avec 153 km/h. Nous relevons tout de même 137 km/h à la pointe de Chemoulin entre Saint-Nazaire et Pornichet. Pour la région, ENEDIS souligne que 16 000 personnes sont privés d'électricité à midi dont :

- 4500 dans le Morbihan

- 4000 dans le Finistère

- 3500 dans les Côtes-d'Armor

- 2500 en Ille-et-Vilaine

- 1500 en Loire-Atlantique.