Depuis maintenant vendredi dernier, la tempête Ciaran est prévue. La prévision s'affine. Elle nous permet d'estimer les valeurs de vent à attendre et les risques très importants pour le rivage breton.
Une tempête remarquable
Pour cet évènement, il faut comprendre que nous allons subir des vents violents. La formation de cette tempête est un cas d'école. Le courant jet ( courant qui circule en altitude et qui sépare les masses d'air froid qui descendent des latitudes élevées des masses d'air chaud qui remontent des latitudes subtropicales ) circule de manière rectiligne à plus de 300 km/h. Une dépression au large de Terre Neuve va se trouver sur la trajectoire du courant d'altitude. Elle va être propulsée vers l'est en s'alimentant des deux masses d'air. Le développement et le déplacement de la dépression s'annoncent très rapides. Ciaran arriver à maturité au nord de la région avec une pression en son centre à 955 hPa. La position de la dépression expose la Bretagne aux plus fortes rafales de vent. Cette tempête s'annonce remarquable. L'évènement est comparable à la tempête Zeus sur une étendue plus importante. Il faut remonter à plus de 20 ans pour retrouver un potentiel aussi fort et aussi généralisé.
La Basse-Bretagne exposée de manière significative
La maturité de la dépression se fera au nord de la Bretagne, ce qui sera suffisant pour provoquer des rafales considérables dans l'intérieur des terres surtout en Basse-Bretagne. Ce sont les départements du Finistère, des Côtes-d'Armor et du Morbihan qui sont les plus exposés aux violentes rafales dans les terres. On prévoit 110 et 130 km/h avec localement davantage dans l'intérieur du Finistère. Plus à l'est sur l'Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique, les rafales atteignent 90 à 110 km/h dans l'intérieur des terres avec localement des rafales supérieures en s'approchant des littoraux.
En bord de mer, les vitesses de vent s'annoncent très importantes. Elles culminent entre 130 et 150 km/h avec des pointes à 170 km/h sur les côtes d'Iroise, en entrée de Manche et sur la côte sauvage.
De telles vitesses de vent exposent la population à des risques importantes. Les fortes chaleurs et le soleil de ce début de mois d'octobre ont retardé la période de repos des arbres. Les arbres sont encore en feuilles et lourds. Le risque de chute d'arbres est très important. Il est recommandé d'annuler vos déplacements entre mercredi soir et jeudi midi sur toute la Bretagne et recourir au télétravail lorsque c'est possible.
Vive inquiétude en bord de mer
La dépression est creuse à 955 hPa et donc naturellement en fin de nuit et matinée de jeudi, une surélévation du niveau de la mer est attendue sur la côte Atlantique puis la Bretagne. Elle pourrait atteindre entre un et deux mètres parfois près des estuaires ou dans les baies. Le coefficient de marée sera de 71 pour cette journée mais les éléments qui viennent se cumuler à la hauteur d'eau "normale" nous font craindre des submersions très importantes et potentiellement dangereuses sur les parties exposées ou bases du bord de mer. La houle devrait atteindre entre 10 et 14 mètres au large de l'île de Sein. Elle s'oriente à l'ouest-sud-ouest dans la direction du vent. Les précipitations s'annoncent également importantes avec des cumuls de 20 à 40 mm localement jusqu'à 50 mm en l'espace de quelques heures. Dans les estuaires, l'eau aura des difficultés à s'évacuer et la surcote risque d'exposer les populations à des risques importants. Sur le front de mer, la situation est très sérieuse et elle imposera un niveau d'intempérie exceptionnel sur l'intégralité des côtes bretonnes. L'évènement semble plus important que celui du 10 mars 2008 qui reste une référence en Bretagne.
Soyez prudents et restez informés.